mercredi 3 février 2010

Le Dalaï-lama à Bodhgaya



"C'est important que la communauté internationale sache ce qui se passe au Tibet"

A l'occasion d'un enseignement à Bodhgaya (Inde du Nord) où le Bouddha Shakyamuni (au VIème Siècle avant l'ère chrétienne) a atteint l'éveil, le Dalai-lama lors d'une audience publique avec des pélerins étrangers venus du monde entier a notamment déclaré le 9 janvier que le Tibet est sous occupation militaire depuis les évènements de 2008.
<<"Les Tibétains n'ont pas la liberté, la liberté religieuse. Les Tibétains sont frustrés. Allez au Tibet, c'est ma requête. Essayez de faire le voyage. C'est important que la communauté internationale sache ce qui se passe au Tibet. Essayez de vous baser sur des faits réels, objectifs et lors de votre retour dans votre pays, témoignez, dites ce qui se passe au Tibet autour de vous.">>
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COMMUNIQUE

COMMUNIQUE

Date : Le 25 janvier 2010

Les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï Lama, Messieurs Lodi Gyari et Kelsang Gyaltsen, arriveront demain en Chine pour entamer des discussions avec les représentants des autorités chinoises. Après quinze mois d’intervalle, ce sera la 9ème rencontre sino-tibétaine pour la reprise des dialogues qui ont débuté en 2002.

Ils seront accompagnés des membres de la Task Force de la négociation, Ms Tenzin P. Atisha et Bhuchung K. Tsering, ainsi que de M. Jigmey Passang qui fait partie du secrétariat de la Task Force.

Récemment, la Task Force s’est réunie à Dharamsala, sous la présidence du Premier ministre Professeur Samdong Rinpoché, en vue de préparer leurs discussions à Pékin. Le 22 janvier dernier, le Premier ministre et les deux émissaires ont fait le point de la situation avec Sa Sainteté le Dalaï Lama et ont sollicité ses conseils.

Chhime R. Chhoekyapa

Secrétaire

Bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama

DHARAMSALA

Inde

Traduction en français effectuée par le Bureau du Tibet, Paris.

allocution de Palden Gyatso

Voici la traduction de l'allocution de Palden Gyatso lors du Forum des Droits de l'Homme à Oslo le 19/5/2009. Palden Gyatso est l'un des plus célèbres anciens prisonniers politiques tibétains.
Le livre ''Le feu sous la neige'' et le documentaire ''Fire Under The Snow'' retracent notamment ce qu'il a vécu au Tibet sous l'occupation chinoise, et au cours de ses 33 années passées dans les prisons et les camps de travaux forcés au Tibet, victime de la torture et de traitements inhumains.
Palden Gyatso est un modèle de sagesse et d'humanité malgré l'épreuve atroce infligée par le Régime communiste chinois. À près de 77 ans il continue d'oeuvrer pour que le Peuple tibétain recouvre sa liberté.
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Extrait de ses propos le 19 mai 2009 :

'' Souvent les gens disent qu'il n'y aurait plus d'espoir pour le Tibet, mais je ne suis pas d'accord! Je crois vraiment qu'il y a de l'espoir. Notre luttons depuis maintenant 50 ans - et même plus de 50 ans - et, avant d'aboutir, notre lutte peut très bien prendre encore 100 ans, ou même 200 ans. ''


'' Je reste persuadé que nous serons en mesure de regagner notre patrie. Nous pouvons en effet maintenir notre lutte pendant encore de longues années, car nous avons la vérité et la justice de notre côté. Nous bénéficions aussi du soutien de très nombreux amis partout dans le monde: des organisations non gouvernementales, les associations de soutien au Tibet, les organisations de défense des droits humains, Amnesty International, etc.
''
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Allocution de PALDEN GYATSO au Forum des Droits de l'homme à Oslo, le 19/5/2009 (*)

Forum d'Oslo: www.oslofreedomforum.com/cgi-local/home.cgi

Ci-dessous une traduction personnelle de l'allocution de Palden Gyatso à partir de la transcription en anglais de ses propos en tibétain. Texte en anglais téléchargeable sur www.oslofreedomforum.com/speakers/palden-gyatso.html.

En complément de l'exposé de Palden Gyatso, veuillez consulter les notes en fin de texte.

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Je m'appelle Palden Gyatso. Je suis originaire du Tibet. Mon pays a été envahi par le Pouvoir communiste chinois. Là-bas les droits humains du Peuple tibétain sont totalement bafoués.

Un bref rappel: en 1959, le Gouvernement chinois a essayé de porter atteinte au Dalaï-lama. Le 10 mars 1959, les Autorités communistes ont invité le Dalaï-lama à leur camp militaire de Lhassa, en précisant qu'il devait venir sans gardes du corps ni escorte de sécurité. La population tibétaine s'est alors inquiétée pour le Dalaï-lama. À l'époque je vivais à Lhassa et, comme une multitude de Tibétains, je suis descendu dans la rue pour protester et essayer de protéger le Dalaï-lama. Beaucoup d'entre nous se sont joints à cette manifestation pacifique pour affirmer haut et fort au Gouvernement chinois qu'il n'avait aucun droit de rester au Tibet, et que le Tibet appartenait aux Tibétains. Nos protestations et notre manifestation étaient non-violentes.

Suite à cette manifestation pacifique, j'ai été arrêté et mis en prison en 1959 par les Autorités chinoises. Combien de temps ai-je été emprisonné? En tout j'ai subi trente trois années de détention, en prison et en camp de travaux forcés.


Si j'ai pu sortir de prison au bout de 33 ans de détention ce n'est pas du tout grâce au Pouvoir chinois. C'est seulement parce que de nombreuses organisations non gouvernementales et associations de défense des droits humains s'étaient mobilisées en ma faveur depuis 1983. Grâce au travail de ces organisations de défense des droits de l'homme, j'ai pu être libéré en 1992.

Durant ces 33 années en prison, entre les mains du Pouvoir chinois, j'ai souffert quantités de sévices et on m'a infligé toutes sortes de tortures. Notamment je me souviens des années 1961 à 1963 où les prisonniers mouraient faute de nourriture: j'estime que 70% des prisonniers sont morts de cette famine organisée (*).


En détention, on nous soumettait à de terribles travaux forcés. On nous traitait vraiment comme des animaux, en nous imposant les mêmes labeurs qu'à des bêtes de somme. Nous avions des quotas de production à respecter: en cas d'échec c'était la torture. Et ce n'était pas seulement des coups qu'il fallait supporter mais de réelles tortures dont celles infligées avec des matraques électriques: après nous avoir déshabillés entièrement, ils prenaient des bâtons électriques - prévus à l'origine pour le bétail – et nous les appliquaient sur tout le corps. Pour les détenus hommes ils nous les introduisaient même dans la bouche, etc.

Auparavant, pour mes conférences à l'étranger j'avais l'habitude d'apporter certains de ces instruments de torture (*), dont ces bâtons électriques pour le bétail. Mais il est devenu très difficile de voyager avec ces objets, alors j'en montre des photos.


En prison à Lhassa, on m'a infligé des électro-chocs en m'enfonçant un bâton électrique dans la gorge. Toutes mes dents sont tombés suite à ces tortures. C'était en 1990. Désormais je dois porter une prothèse dentaire, réalisée lors de ma venue en Angleterre en 1995 (suite à ma libération en 1992), grâce à Amnesty International qui a pris en charge ces frais médicaux.


À l'écran, vous pouvez me voir sur ces photos prises au moment de mon premier voyage à l'étranger. J'étais alors beaucoup plus maigre, et mon état de santé était très préoccupant. En plus je n'avais plus de dents à cause de la torture.


Vous avez désormais une meilleure idée des tortures et des souffrances que les détenus se voient infliger au Tibet.

Mais pourquoi ais-je moi-même été soumis à ces traitements? En fait je ne représentais pas un danger particulier: je n'étais qu'un moine bouddhiste résidant au sein d'un monastère et se consacrant à ses pratiques bouddhistes. Mais le Régime chinois n'en a cure. Il n'a pas le moindre égard pour les droits humains. Et leur répression s'applique à tout le monde, y compris aux gens ordinaires et aux simples religieux.


Pour revenir aux tortures, ils ont aussi utilisé les matraques électriques sur des religieuses bouddhistes. Ils s'en sont servis pour violer des nonnes tibétaines. On ne vous raconte pas d'histoire sur nos tortures: ce sont des faits réels et prouvés.


Je vous décris tout cela pour vous donner une idée de la façon dont le Pouvoir chinois traite les prisonniers au Tibet. Mais les Tibétains ne sont pas les seuls à être torturés ainsi par le Gouvernement chinois: c'est aussi le cas pour les prisonniers adeptes de Falun Gong par exemple. Ainsi on trouve toutes sortes de personnes jetées en prison et soumises à la torture.


Et tout cela se poursuit encore aujourd'hui. Par exemple, en 2007 deux religieuses tibétaines, emprisonnées respectivement pendant 13 ans et 8 ans, ont pu s'échapper du Tibet après leur sortie de prison et parvenir en Inde. Elles ont alors témoigné elles-aussi de leurs tortures par bâtons électriques, etc. Encore une fois, il ne s'agit pas que des événements liés au passé:

Ces tortures se perpétuent encore aujourd'hui au Tibet !


Le Gouverne
ment chinois déclare à toutes occasions qu'il respecterait les droits de l'homme au Tibet; ils répètent aussi qu'après 50 ans tout irait parfaitement bien au Tibet; ils disent même que les Tibétains y seraient très heureux... Ils envoient des délégations partout dans le monde pour dépeindre l'image de Tibétains aux conditions de vie soi-disant merveilleuses au Tibet!


Récemment j'ai eu l'occasion de croiser l'une de ces délégations chinoises à Londres. Ils expliquaient comment ils avaient soi-disant « libéré » les Tibétains. Ils prétendaient qu'après 50 ans, les réformes démocratiques étaient des plus florissantes...


Alors, je leur ai dit: « Si tel est le cas, si les Tibétains sont si heureux, pour quelles raisons les Tibétains protestent-ils donc? Pourquoi descendent-ils en masse dans la rue pour manifester? Encore aujourd'hui en 2009, après plus de 50 années, pourquoi les Tibétains continuent-ils toujours à se révolter... ? »

Imaginez un chien qui a été capturé, et qu'on maltraite. S'il réalise qu'il ne peut plus s'échapper, alors à coup sûr il n'hésitera pas à faire volte-face. De même, il ne reste plus aux Tibétains que la révolte, en désespoir de cause. Mais notre soulèvement a été réprimé avec une extrême violence.

Sa Sainteté le Dalaï-lama a déjà déclaré maintes et maintes fois: « Nous ne revendiquons pas l'indépendance du Tibet. Nous ne demandons qu'une autonomie effective ». C'est ce qu'il répète depuis de nombreuses années, en disant que les Tibétains accepteraient de vivre au sein de la Chine. Des délégations tibétaines ont été envoyées en Chine, avec des Représentants du Dalaï-lama. Mais on les a ignorés; personne ne les a vraiment écoutés. Pourtant, malgré toutes ces années, nous continuons à affirmer que nous pourrions vivre ensemble, et que nous accepterions la domination chinoise.


En dépit de tous ces efforts, le Gouvernement chinois persiste à opprimer violemment les Tibétains. Ils pensent qu'en tuant des Tibétains, qu'en se débarrassant même de tous les Tibétains, ils pourraient résoudre le problème...

Mais, tous ces gens qui ont protesté, qui ont manifesté pacifiquement contre le Gouvernement chinois, ils refusent de vivre sous le joug chinois. Ce que nous réclamons, c'est que « Nous voulons être libres. Nous voulons que nos droits humains soient respectés. Nous voulons être respectés en tant que Tibétains ».

Je suis persuadé que les aspirations des Tibétains pour la liberté restent si vives que notre lutte ne peut que perdurer.


Je crois qu'on ne pourra pas gagner cette liberté par des moyens violents. On ne peut recouvrer nos libertés par la violence. J'ai moi-même toujours protesté pacifiquement. J'estime qu'il est très important de s'en tenir à des méthodes non violentes.


J'aurais tellement d'autres choses à vous dire au delà du mon temps de parole, mais vous pouvez trouver plus d'informations dans le témoignage écrit distribué à la conférence. Cependant je voudrais vous apporter les précisions suivantes :


Souvent les gens disent qu'il n'y aurait plus d'espoir pour le Tibet, mais je ne suis pas d'accord! Je crois vraiment qu'il y a de l'espoir. Notre luttons depuis maintenant 50 ans - et même plus de 50 ans - et avant d'aboutir notre lutte peut très bien prendre encore 100 ans, ou même 200 ans.

Le peuple juif, par exemple, a vécu longtemps, très longtemps même, sans patrie. Et à travers le monde, il y a encore beaucoup de peuples qui vivent sans patrie.


Je reste persuadé que nous serons en mesure de regagner notre patrie. Nous pouvons en effet maintenir notre lutte pendant encore de longues années, car nous avons la vérité et la justice de notre côté. Nous bénéficions aussi du soutien de très nombreux amis partout dans le monde: des organisations non gouvernementales, les associations de soutien au Tibet, les organisations de défense des droits humains, Amnesty International, etc.


Je pense que nous devons aussi tendre la main au Peuple chinois lui-même, parce que la lutte des Tibétains n'a aucun grief envers les simples citoyens chinois, mais seulement contre le Gouvernement communiste chinois. Nous n'avons rien contre le Peuple chinois. Nous éprouvons même de la sympathie pour le Peuple chinois, car nous sommes un peu comme eux. Nous souffrons aussi de la privation de nos libertés fondamentales, sous le joug du même Régime politique.


Je connais bien la situation; j'ai vécu tellement d'années en prison. Je crois que si bien souvent nous ne savons pas ce que le Peuple chinois pense intimement c'est parce qu'ils n'ont pas d'espace pour s'exprimer librement. Un exemple: souvenez vous du tremblement de terre du Sichuan, en 2008. Tant de gens ont péri, en particulier une multitude d'écoliers tués dans l'effondrement de leurs bâtiments scolaires. Tandis que périssaient tous ces enfants, les bâtiments du Gouvernement eux restaient debout... En raison de la politique de l'enfant unique, de nombreuses familles ont perdu leur seul progéniture dans ce séisme. C'est très triste. Un an après, ces familles sont descendues dans les rues pour commémorer la perte de leurs enfants: mais le Pouvoir s'est mis en travers de leur chemin. On a tous vu les actualités, ces images à la télévision. On voyait des parents se faire arrêter et être empêchés de commémorer la mort de leurs propres enfants... !


De nombreux Gouvernements étrangers sont obligés de traiter avec la Chine, en raison de liens économiques très forts désormais. Mais j'estime que sur le long terme, leur comportement actuel avec la Chine n'est pas une stratégie pérenne: il faut absolument traiter les problèmes de violation des droits humains et des libertés fondamentales de la population.


Je ne dis pas que tous les Chinois sont mauvais. Je me souviens notamment d'une personne quand j'étais en prison. Il y avait de nombreux gardiens chinois. Je ne connaissais aucun d'eux. Mais un jour, alors que j'étais en train de mourir des suites des tortures, je me rappelle qu'un garde chinois m'a aidé (secrètement -ndt). Si j'ai pu me rétablir c'est grâce à lui.

Les Tibétains réclament depuis longtemps le respect de leurs libertés, en respectant des méthodes non-violentes. Mais depuis le début le Pouvoir chinois n'a eu de cesse de tenter de faire taire ces voix tibétaines. Ainsi dès que le Dalaï-lama projette de se rendre dans un pays occidental, Pékin cherche systématiquement à empêcher ce pays et d'autres à le rencontrer, en faisant pression sur les chefs d'État. Récemment en Afrique du Sud, le Dalaï-lama s'est vu refuser un visa sous les pressions chinoises; mais depuis ce pays a connu un changement à la tête de l'État, et l'Afrique du Sud a depuis souhaité la bienvenue au Dalaï-lama. Ce seul fait met en évidence les agissements du Pouvoir chinois. Voilà comment ils essaient de réduire les Tibétains au silence.


J'ai détaillé dans mon livre(*) tout ce que j'ai vécu au cours de mes 33 années d'emprisonnement. J'explique notamment que je ne ressens aucune haine envers les Chinois. Je n'éprouve aucun sentiment de vengeance. Je suis toujours en vie, je ne suis pas mort. Que ce soit clair, je n'éprouve aucune colère à l'encontre des Chinois. Parce que, même si je suis un novice en termes d'éducation et de pratique bouddhistes, je crois que, parmi tous les fondamentaux du Bouddhisme, je connais bien celui de la Compassion: ainsi je ne vois aucune raison d'éprouver de la colère ou de la haine envers le Pouvoir chinois pour tous les sévices qu'il m'a fait subir. Car il m'est impossible de répondre à des actes négatifs par de nouveaux actes négatifs. Ce ne serait d'aucun bénéfice pour personne. Ça ne pourrait donner lieu qu'à de nouveaux actes encore plus néfastes, avec toujours plus d'animosité et de conflits.


C'est pareil dans maintes situations de la vie courante: si vous réagissez négativement vous ne faites qu'accroître la négativité.
Il en va de même pour les relations entre les pays: là aussi il faut savoir pardonner et essayer de réagir de manière plus positive et constructive. Sinon on ne fait qu'envenimer les désaccords, et cela peut parfois aller jusqu'à la violence, les combats et la guerre.


Voilà pourquoi il nous faut parvenir à surmonter ce type de pensée. Ce n'est que mon point de vue personnel et ma façon de penser, inspirée des préceptes de base du Bouddhisme. Mais ce ne sont pas des paroles en l'air: il est pour moi essentiel de ne pas éprouver de la haine, et de ne pas me laisser envahir par la colère. Après 33 années de souffrances, 33 ans d'emprisonnement, c'est quelque chose que je suis parvenu à comprendre, et que j'ai pu mettre en pratique.

J'ai en effet besoin de prendre de la hauteur par rapport aux événements. Et ce malgré seulement 10 années d'apprentissage du Bouddhisme en tant que moine, avant d'être jeté en prison pour beaucoup, beaucoup plus longtemps que cela; et du fond de ma cellule, je ne pouvais en apprendre plus sur ma religion. Malgré tout, au cours de toutes ces années d'emprisonnement, notamment ces séances de tortures, j'ai cherché à apaiser mon esprit et à développer ma paix intérieure. Parmi les autres détenus, beaucoup de ceux qui n'ont pas survécu se caractérisaient par leur grand manque de quiétude; ils étaient rongés par la haine et la vengeance. En fait tout dépend de ce que vous ressentez intérieurement et de votre façon de gérer vos émotions.

Au cours de mes 33 ans de prison, une expérience importante a été pour moi d'essayer de réfléchir aux raisons pour lesquelles j'étais là, et de me faire réaliser combien je luttais pour la paix et la justice dans le monde, et pour que la vérité l'emporte.

Vous tous ici, venus du monde entier, vous vous préoccupez des droits de l'homme et vous chercher à améliorer la situation. Je tiens vraiment à vous remercier. Merci d'être ici et d'écouter tous les témoignages. Merci pour vos actions.
Nous sommes ici pour traiter du respect des droits humains partout dans le monde, et nous devons travailler tous ensemble pour améliorer la situation des droits de l'homme au niveau international. J'ai bon espoir et je reste confiant dans le fait que nous puissions influer sur le cours des choses et améliorer la situation.


Mais, le Gouvernement chinois refuse absolument d'écouter les Tibétains. Et il semble ne rester aux Tibétains pratiquement aucune possibilité pour amener la Chine à se mettre à leur écoute. C'est pourquoi nos espoirs reposent sur le soutien de la Communauté internationale. Nous avons besoin de gens comme vous et que vous continuiez votre action; il est absolument vital pour nous que les organisations internationales de défense des droits de l'homme persistent dans leur travail.


Après cette conférence, vous allez rentrer chez vous, et vous allez pouvoir retourner dans votre propre pays. Mais moi, où suis-je sensé aller après la conférence? Je suis réduit à l'exil en Inde. Je suis très reconnaissant envers l'Inde de m'autoriser à y résider. Je remercie aussi ce pays d'avoir accepté d'accueillir tant de Tibétains contraints de s'exiler. Mais en réalité, nous n'avons nulle part où aller. Nous n'avons plus de vraie patrie.

Alors, s'il vous plaît, veuillez oeuvrer en faveur du Tibet, afin que nous puissions tous rentrer chez nous.

Merci beaucoup.


Vén. Palden Gyatso

(Forum des droits de l'homme - Oslo, le 19 mai 2009)
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(*) Notes du traducteur


La plupart des points abordés par Palden Gyatso dans son allocution du 19/5/2009 sont développés dans son autobiographie.

- autobiographie du Vén. PALDEN GYATSO intitulée « LE FEU SOUS LA NEIGE » (avec l'historien tibétain Tsering Shakya, édition Actes Sud, 1997, ISBN 2742713581). Dans ce livre on découvre tout le courage, l'humanité et la sagesse du Vénérable Palden Gyatso. Il y raconte son enfance au Tibet avant l'invasion chinoise, sa vie en tant que moine sous l'occupation jusqu'au premier Soulèvement des Tibétains à Lhassa en 1959, suivi de ses 33 années dans les prisons et camps de travaux forcés, ainsi que son évasion du Tibet, et sa rencontre avec le Dalaï-lama à Dharamsala (Inde) où il réside aujourd'hui.

(version anglaise: ''Fire Under The Snow'', Palden Gyatso, The Harvill Press, 1997, London).


- Fiche wikipedia à propos du Vén. Palden Gyatso: http://fr.wikipedia.org/wiki/Palden_Gyatso


- Un film documentaire ''Fire Under The Snow'' a été réalisé sur la vie de Palden Gyatso: plus d'information (en anglais) sur le site www.fireunderthesnow.com/index.php?v=About


- lire aussi le témoignage exceptionnel de Mme AMA ADHE TAPONTSANG, l'une des grandes héroïnes de la Résistance tibétaine emprisonnée pendant 27 ans, d'une dignité et d'un courage hors du commun malgré tous les sévices endurés. Livre: Ama Adhe, « Voix de la mémoire, du Tibet libre à l'exil » (Propos recueillis par Joy Blakeslee; Préface du Dalaï Lama, 1999, Editeur Dangles, ISBN 2703304900). En 2010 Ama Adhe (''Mère Adhe'': surnom affectif que lui ont donné les Tibétains) travaille au Centre de Réfugiés de McLeod Ganj, en accueillant les nouveaux exilés tibétains contraints de s'échapper du Tibet.

(version anglaise: ''The Voice that Remembers: A Tibetan Woman’s Inspiring Story of Survival'', Adhe Tapontsang as told by Joy Blakeslee, Wisdom Publications, Boston, MA, 1997).

=====FIN DU MAIL=====

DÉCLARATION DE L’ÉMISSAIRE DE SA SAINTETÉ LE DALAÏ-LAMA, KASUR LODI GYARI, CHEF DE LA DÉLÉGATION ENVOYÉE EN CHINE EN JANVIER 2010

DÉCLARATION DE L’ÉMISSAIRE DE SA SAINTETÉ LE DALAÏ-LAMA, KASUR LODI GYARI, CHEF DE LA DÉLÉGATION ENVOYÉE EN CHINE EN JANVIER 2010

L’émissaire Kelsang Gyaltsen et moi-même, accompagnés de deux membres de notre Task Force, Tenzin P. Atisha et Bhuchung K. Tsering, ainsi que Jigmey Passang du secrétariat de Task Force, nous sommes rendus en Chine entre le 26 et le 31 janvier 2010, pour une neuvième série de pourparlers avec les représentants des autorités chinoises. Ces discussions ont eu lieu après une interruption de 15 mois. Nous sommes retournés à Dharamsala le 1er février 2010 et avons dressé notre rapport officiel à Sa Sainteté le Dalaï-Lama, au Premier ministre (Kalon Tripa) Samdhong Rinpoche, ainsi qu’au Président et à la Vice-présidente du Parlement tibétain en exil.

Le 30 janvier, nous nous sommes entretenus à Pékin avec M. Du Qinglin, Vice-président de la Conférence consultative politique populaire chinoise et Ministre du Département du Travail du Front uni du Comité central. Le lendemain, le 31 janvier 2010, nous avons passé une journée en pourparlers avec Zhu Weiqun, Vice-ministre adjoint et avec le Vice-ministre Sithar. M. Nyima Tsering, l’un des Vice-directeurs du Congrès populaire de la Région autonome du Tibet, a également assisté à ces entretiens.

Nous sommes arrivés à Changsha, capitale de la province de Hunan, le 26 janvier 2010. Avant d’entamer notre programme sur place, nous avons officiellement présenté au Département du Travail du Front uni du Comité central une Note relative au Mémorandum sur l’autonomie réelle pour tous les Tibétains, que nous avions déjà proposée lors de la huitième série de pourparlers, en novembre 2008. Cette Note contenait sept points sur les questions fondamentales soulevées par les autorités chinoises lors de cette huitième entrevue, ainsi que des suggestions constructives pour faire progresser le processus de dialogue. Ces sept points comprennent le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République populaire de Chine, le respect de la Constitution de la RPC, le respect des « Trois Adhésions », le respect de la hiérarchie et de l’autorité du gouvernement central chinois. Des questions soulevées par le gouvernement central sur des compétences particulières se rapportaient au Mémorandum, reconnaissant le cœur du problème et offrant la coopération de Sa Sainteté le Dalaï-Lama en vue d’une solution mutuellement bénéfique.

La Note indiquait clairement que Sa Sainteté le Dalaï-Lama et d’autres membres du gouvernement en exil n’ont aucune exigence personnelle à formuler. Sa Sainteté se préoccupe des droits et du bien-être des Tibétains. Par conséquent, la question fondamentale devant être résolue est l’application fidèle d’une autonomie réelle, permettant aux Tibétains de se gouverner eux-mêmes, selon leurs propres idées et besoins.

Sa Sainteté le Dalaï-Lama s’exprime au nom du peuple tibétain avec lequel il entretient une relation profonde et historique, basée sur une confiance totale. Il est indéniable que Sa Sainteté représente légitimement le peuple tibétain et elle est certainement perçue comme son légitime représentant et porte-parole. En effet, ce n’est que par le dialogue avec Sa Sainteté le Dalaï-Lama que la question tibétaine pourra être résolue. Il est capital de reconnaître cette réalité.

Nous insistons sur le fait que l’engagement de Sa Sainteté pour la cause tibétaine ne vise pas la revendication de droits personnels ou d’une position politique, ni pour le compte de l’administration tibétaine en exil.

Nous avons appelé nos homologues chinois à cesser les accusations infondées contre Sa Sainteté et de la traiter de séparatiste. Au contraire, nous enjoignons les autorités chinoises à travailler avec Elle afin de trouver une solution au problème du Tibet, acceptable des deux côtés et basée sur le Mémorandum. C’est ainsi que seront assurés la stabilité, l’unité et le développement d’une société harmonieuse.

Nos homologues chinois ont quant à eux exposés « les Quatre Interdit »s pour définir leur position. Ils nous ont aussi fourni un exposé détaillé sur les récents développements relatifs au Tibet, et en particulier à l’important Vème Forum sur le travail au Tibet. Ils ont déclaré que le Forum visait à améliorer la vitalité des Tibétains dans la Région autonome du Tibet et dans toutes les zones tibétaines, et tout particulièrement, dans les services publics tels que l’éducation, les services médicaux et la protection de l’environnement. En nous basant sur les rapports qui nous ont été transmis sur le Forum à l’origine, nous avons salué les questions qu’il a soulevées pour améliorer la vie des Tibétains, notamment dans les zones rurales. Nous saluons le fait que le Vème Forum sur le travail au Tibet a examiné des points comme le développement dans toutes les zones tibétaines ( la Région autonome du Tibet ainsi que les autres zones tibétaines ). Nous croyons fermement que toutes les zones tibétaines doivent être régies par une politique uniforme et une administration unique. En nous débarrassant des slogans politiques, bien des problèmes dont le Forum a fait des priorités s’apparentent aux besoins de base des Tibétains, tels que mentionnés dans notre Mémorandum.

Le regard opposé porté sur l’analyse de la situation actuelle au Tibet demeure une différence majeure entre nos homologues chinois et nous. Donc, pour une compréhension mutuelle de la situation réelle, nous avons suggéré un effort commun pour saisir la réalité de fait sur place, avec le souci de chercher la vérité d’après les faits. Cela aidera les deux parties à évoluer au-delà des controverses l’une de l’autre.

Ces prochains jours, nous examinerons les points soulevés par nos homologues, y compris les comptes-rendus du Vème Forum sur le travail au Tibet ainsi que « les Quatre Interdits ». Comme je l’avais fortement précisé au cours de notre entretien, je souhaite ardemment que les autorités chinoises se livreront à un travail de réflexion sérieuse sur les points que nous avons soulevés. Comme Sa Sainteté le Dalaï-Lama n’a cessé de clarifier sa position quant à l’avenir du Tibet au sein de la République Populaire de Chine et qu’elle a fait preuve de volonté politique envers les autorités chinoises, nous ne voyons aucune raison pour laquelle un terrain d’entente ne pourrait être trouvé pour résoudre ces problèmes. Nous souhaitons réitérer l’incessante volonté de Sa Sainteté à travailler avec le gouvernement central chinois là-dessus afin que le peuple tibétain puisse retrouver sa fierté et sa dignité et que la stabilité et l’unité de la République Populaire de Chine soient assurées..

Nous remercions nos hôtes, le Front uni du Hunan, le Front uni pékinois et le Département du Travail du Front du Comité central pour leur hospitalité au cours de ce séjour.

Dharamsala, le 2 février 2010

mardi 15 décembre 2009

le Tibet à Angers



Gélong Tenzin Penpa est entré au monastère en 1973 dès l’âge de 9 ans.
Il a passé avec succès tous les examens
à l’Université Tantrique du monastère de Gyutö de l’école Gelougpa.
Il y a effectué toutes les retraites excepté celle de 3 ans pour une question de temps. Il a été Maître de chant et a enseigné jusqu’en 2005 la psychologie, le chant et l’art des mandalas pendant 17 ans aux moines d’autres monastères, destinés à devenir Geshés. Il pratique aussi l’astrologie tibétaine.
Il a également enseigné dans différents pays:
USA, Canada, Singapour en 1991, l’Australie en 1995, au Zanskar :
monastère de Jamling en 1997, et au Népal en1998.
Après avoir été administrateur du monastère de Gyutö de fin 1999 à la fin 2002
Il a participé avec un groupe de moines à des tournées de chant en Europe et au Japon ainsi qu’au spectacle « Lougta » de Bartabas au cirque équestre Zingaro de 2003 à 2005.
Depuis il vit en France pour transmettre les cultures bouddhistes et tibétaines afin d’ aider ses compatriotes exilés.








Amitayus : Sutra de Longue vie

Amitayus est le Bouddha de longue vie, du mérite et de la sagesse. En s'engageant dans la pratique d’Amitayus nous pouvons développer toutes ces qualités, qui sont essentielles pour notre développement spirituel, et finalement atteindre l'état immortel de l'illumination.
Nous pouvons également utiliser cette pratique pour éliminer tous les obstacles qui mettent en difficulté ou en danger la vie des autres.
Ce texte est extrêmement précieux et puissant. Vous obtiendrez beaucoup d’avantages tant par l'impression ou l'écriture de ce soutra. Ce soutra s'il est écrits en or, peu vous permettre d’obtenir et purifier des montagnes de karma négatif. Le Monastère de Nalanda en imprime un certain nombre chaque semaine pour la réussite de tous ces projets, alors imaginez tous les avantages qu’il vous apporte chaque fois que vous en faites une copie, il est aussi puissant que si vous copiez les 84.000 enseignements du Bouddha.
Il est également un très grand et puissant moyens de purification surtout par son écriture, vous recueillerez ainsi beaucoup plus de mérite et vous aidera pour obtenir une longue vie. C'est très bon pour les personnes qui ont une maladie grave et difficile à guérir, mais aussi pour le succès des activités et des projets mondains en cour. Si un projet connait des difficultés, ou s'il est difficile de le mettre en place, si vous avez des difficultés à trouver un emploi où que le travail ne va pas bien, vous pouvez imprimer ou copier plusieurs copies hebdomadaire ou mensuelle mais pas particulièrement pour les mérites de succès mondains, mais généralement pour le mérite de les rassembler pour des réalisations et des conditions de pratique du dharma.
C'est une solution pour le succès et la longue vie. En outre, lorsque vous mourez, vous obtiendrez de renaitre en Terre Pure d'Amitabha.
Gloire au joyau de notre lotus-cœur (sagesse qui est en nous) c’est le mantra d’avancement spirituel en général, le mantra du très puissant. Cherchez vous même dans votre vrai nature cela veut dire que vous avez tout ce qu’il faut pour atteindre votre but.





Merci à Tenzin , Evelyne , à Marcelle Roux , Simone Le Gall et à tout les bénévoles qui ont contribués à cette magnifique journée.

lundi 5 octobre 2009

Chine, la fin d'un cycle

Chine, la fin d'un cycle - (Le Soir, 29/10/2009), à l'occasion des 60 ans de la République Populaire de Chine proclamée le 1er octobre 1949 (article: www.lesoir.be/forum/cartes_blanches/2009-09-29/chine-fin-cycle-729835.shtml)

Marie Holzman, Sinologue, auteur de nombreux ouvrages sur la Chine contemporaine dont « Chine, on ne bâillonne pas la lumière » (éd. Gawsevitch, Paris 2009); Vincent Metten, Directeur européen pour l'ONG 'International Campaign for Tibet'.

Selon la tradition chinoise, un laps de 60 années représente un cycle de vie : en effet les 12 animaux du zodiaque chinois se sont présentés 5 fois dans les 5 éléments qui déterminent leur nature (feu, bois, métal, eau et terre) et 12 x 5 = 60. Donc, à l'âge de 60 ans, la République populaire de Chine se trouve bien à la fin d'un cycle. Elle doit se résoudre à entrer dans un nouveau cycle alors que la question de sa survie est toujours posée: va-t-elle rester arc-boutée sur un système monopolisé par le parti communiste ou pourra-t-elle se permettre de laisser une forme d'opposition et de liberté individuelle se développer ?


En effet, le système politique chinois n'a jamais opéré sa « démaoïsation ». La forte présence du fondateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, reste, plus que jamais, une des sources de légitimité des dirigeants actuels. Un nouveau film a été réalisé à sa gloire pour ce soixantième anniversaire. Son portrait et son mausolée écrasent encore le coeur vital de la Chine : sur la place et sur la porte de la Paix Céleste, Tian'anmen.


« Élevons notre niveau de vigilance » était l'un des mots d'ordre favoris du Président Mao jusqu'à la fin de sa vie en 1976. En effet, le système s'est construit sur le concept de la lutte des classes. Cela a induit l'idée paranoïaque que l'ennemi intérieur devait être débusqué en tout lieu et à toute heure. Au début des années 1950, les Chinois se sont lancés dans la lutte contre les bourgeois, les capitalistes, les propriétaires terriens. A la fin des années 50, la cible s'est tournée contre les « droitiers » (*), c'est-à-dire l'élite intellectuelle du pays. Dans les années 1960, le Président Mao s'est appuyé sur la jeunesse pour lancer la Révolution culturelle.


A la fin des années 1970, il y a eu une petite variante et le successeur de Mao a provoqué une guerre éclair contre le Vietnam pour maintenir la cohésion nationale dans la phase de transition la plus délicate qu'ai connue ce vaste pays. Il fallait en effet amener la population à se réconcilier avec une idée qu'elle avait dû réprimer pendant trente ans : le profit. Tout d'un coup, les notions d'égalitarisme, d'économie planifiée allaient s'écrouler pour laisser la place à l'initiative privée. Et pourtant, il ne fallait pas que le monopole du PCC en pâtisse. Une gageure rondement menée puisque, trente ans plus tard, le taux de croissance économique est devenu la seule source de légitimité d'un régime aux abois. L'État défend maintenant l'intérêt des patrons et veille à éviter que les conflits sociaux débouchent sur l'émergence de syndicats indépendants, qui sonnerait le glas du régime.


Dans le contexte actuel, relancer la lutte des classes engendrerait un tel chaos que cette stratégie n'est plus envisageable. En revanche, depuis les événements du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme, et sa variante chinoise du séparatisme, ont pris le relais. En l'absence de toute idéologie constructive, quoi de plus « porteur » que de dénoncer les menées « hypocrites » du Dalaï Lama pour récupérer la direction du Tibet, ou la main noire de Rebiya Kadeer, célèbre exilée ouïghoure, pour expliquer les explosions de violence qui se sont produites au Xinjiang depuis juillet dernier ?


Ce sont maintenant les ethnies qui vivent à la périphérie de la Chine qui jouent le rôle de catalyseur d'un nationalisme de plus en plus volatile. C'est ainsi que le monde entier a pu assister, par vidéos interposées, à l'entrée des tanks et de l'armée dans Lhassa en mars 2008, et, cet été, à de véritables massacres interethniques dans les rues d'Urumqi qui auraient fait près de deux cents morts, Han et Ouïghours confondus, et plus de sept mille blessés, selon les chiffres officiels.


Il est clair que le système politique actuel a atteint ses limites et nombreux sont les intellectuels chinois, les anciens cadres du parti, les opposants, les militants pour la défense des droits civiques, actifs ou en prison, qui le clament : une Chine non démocratique devient une menace pour sa population, et pour le monde entier. Incapable de tenir compte des revendications et des attentes locales, régionales ou internationales, les réactions du pouvoir restent placées sous le signe de la force et non du dialogue, ce qui augmente le ressentiment et la frustration, et provoque une violence accrue.


Un système fédéral responsable permettrait aux Han (92% de la population) et aux minorités de jouir d'une véritable autonomie qui fait aujourd'hui défaut. C'est ce que des intellectuels chinois comme Yan Jiaqi, Wang Lixiong proposent depuis des décennies. Les envoyés du Dalaï Lama ont quant à eux ont demandé par écrit la mise en ouvre d'une véritable autonomie pour tous les Tibétains, mais ces propositions ont été rejetées dans leur totalité par le gouvernement chinois.


Pourtant, depuis les massacres au Xinjiang, des voix isolées se font entendre en Chine pour faire remarquer que la méthode pacifique du dialogue, prônée par le Dalaï Lama serait sans doute de loin préférable au déferlement de violence qui risque de se produire si l'exaspération des Chinois et des minorités malmenés par les conséquences d'un développement économique brutal atteint un point de non-retour. La fin d'un cycle : venu au pouvoir grâce à l'armée, le PCC ne risque-t-il pas de perdre le pouvoir par les armes ? Une perspective rarement évoquée mais pas si invraisemblable, hélas.

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info complémentaire

(*) dont la dissidente Lin Xiling « l'indomptable », décédée récemment à Paris. Cf. article de Rue89 (+ commentaire de son fils): www.rue89.com/chinatown/2009/09/22/lin-xiling-lindomptable-mort-dune-dissidente-chinoise-a-paris

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